Cette idée d’article, sur l’impact écologique de l’avion, je l’ai eu dès le lancement d’Ethik Hotels, dès lors j’ai recensé énormément d’articles pour avoir le documenter. Fin novembre force est de constater que le projet d’article n’a pas bougé d’un iota car je n’arrive absolument pas à trouver l’angle d’approche. En discutant avec Coletta Trivero, que j’ai eu la chance de rencontrer virtuellement quand elle s’occupait de la communication de Fleurs de Lune, elle me dit qu’écrire un tel article l’intéresse et que si j’en suis d’accord elle veut bien se lancer dans la rédaction. Comment dire non à ce genre de proposition quand on n’a pas posé un seul mot sur le papier à ce sujet depuis 8 mois alors qu’on a plein d’idées en tête ? Je la remercie sincèrement pour ce travail et d’avoir réussi à retranscrire cela factuellement et sans jugement.
Mise à jour 10 février 2021
J’ai envie de voyager ! Je dois voyager !
C’est par cette injonction au Voyage que je décide de commencer mon article en cette période de pandémie internationale. Si comme pour moi, le confinement a été une douloureuse épreuve d’immobilisme, l’envie de voyager vous a certainement tiraillée.
Alors je vous invite à vous accorder un moment de rêverie en me lisant, ici, maintenant : Imaginez-vous à bord d’un avion. Vous sirotez un café, vous branchez vos écouteurs et vous vous détendez. À travers le hublot, vous regardez avec soulagement votre quotidien s’éloigner petit à petit… jusqu’à ce qu’il devienne invisible. Vous êtes confortablement installé et vous sentez monter en vous l’excitation de l’aventure. Celle de découvrir une destination lointaine, où d’autres paysages, d’autres sonorités et d’autres saveurs peuplent une nouvelle réalité !
Quelle douce folie de songer à cela aujourd’hui.
Folie, parce que la pandémie n’est pas derrière nous et que mon prochain périple en Amérique du Sud devra encore attendre.
Folie, parce que l’heure n’est plus à l’insouciance ; Greta Thunberg en est la preuve vivante. Voyager, c’est aussi avoir un impact négatif sur l’environnement. Comme l’ensemble des générations Y et Z, je suis sensible à ce sujet. Comme vous, j’ai été fascinée de voir les effets bénéfiques du confinement sur la nature. Saviez-vous qu’entre mars et juin 2020, plus de 80% du trafic aérien européen a été ralenti, soit une économie d’émissions d’équivalents-CO2 de 45 Mt ? Rien que ça !
Quant aux mouvements de militantisme écologique, tels que AvionBashing, #Flygskam, #Flightshame, qui ont été portés en lumière par la jeune militante suédoise en 2019, clament que NON, définitivement NON, Avion et Responsabilité écologique ne peuvent pas s’accorder.
Sauf que je n’ai pas envie de renoncer à mon voyage et à la découverte de l’Amérique du Sud. Je le prendrai cet avion ! N’ai-je donc d’autres choix que de voyager avec le poids de la culpabilité ?
La « culpabilité ne s’attache qu’à celui qui demeure ignorant quand il a une chance d’apprendre.”
Franck Herbert (1)
Je vous invite donc, à travers cet article, à nous donner la chance d’apprendre comment faire un usage responsable de l’avion, sans le diaboliser.
On prend 2 minutes pour relativiser l’impact écologique de l’avion ?
L’impact écologique de l’avion indéniable. Mais si l’on veut relativiser un peu, seulement 3,5% des émissions des transports proviennent de ce secteur.
Le numérique quant à lui est à 5% …pour le moment… Pourtant, personne ne criera au cynisme si je vous recommande de regarder le documentaire COWSPIRACY sur Netflix, non ?
Quant au transport routier, il contribue à hauteur de 95% des émissions de transports. Alors si l’on veut avoir un véritable impact sur l’environnement, mieux vaut consommer local ou privilégier les circuits courts et laisser sa voiture au garage.
Autre action responsable à adopter : arrêter d’acheter des fringues jetables ! 60% de nos vêtements vont de toute façon à la poubelle dès la première année après leur achat. Consternant, non ?
La fast fashion et l’industrie manufacturière en général polluent plus encore que les transports et participent à l’exploitation particulièrement inhumaine d’un grand nombre de travailleurs pauvres, loin, très loin de nos regards.
Je vous laisse lire cet article édifiant trouver sur Natura-Sciences.com : « La fast fashion ruine la planète (Infographie) »
Alors pourquoi tant d’acharnement sur l’aviation ?
Parce que les militants écologiques cherchent un symbole fort et visible pour véhiculer leur message.
#Avihonte #Flightshame #Flygskam sont des mouvements qui stigmatisent l’avion à outrance et peut-être d’une façon un peu fanatique. Mais peut-on leur reprocher de faire de la communication efficace ?
D’une part, cette stigmatisation médiatique permet d’atteindre l’opinion publique et oblige les compagnies aériennes et nos politiques à faire plus d’efforts dans la transition écologique du secteur des transports.
D’autre part, ne pas prendre l’avion est finalement une des rares causes du dérèglement climatique qu’un citoyen peut contrôler.
Saviez-vous qu’un tiers des émissions de CO2 proviennent de la production de gaz, de vapeur et d’électricité ? Cela signifie que de chez vous, sans le vouloir, juste en vous chauffant, en vous éclairant, en prenant une douche ou en faisant fonctionner le chauffe biberon, vous polluez de façon majeure !
En réalité, un citoyen lambda n’a aucun moyen d’agir notablement sur cette pollution.
Alors on peut en effet arrêter de prendre l’avion, mais je vous l’annonce tout de suite : ce sera une goutte de bonne conscience dans un océan de problématiques écologiques.
Je vous propose ici une solution moins radicale qui a déjà fait ses preuves en Suède : une consommation réfléchie des transports…
On adopte des habitudes de voyageurs responsables
Les vols intérieurs, tu banniras !
Au troisième trimestre 2019, La Suède a observé une baisse de 8,9% de la fréquentation de ses vols intérieurs (on doit cette baisse de fréquentation à la communication réussie des militants écologiques cités plus haut, soit dit en passant) ; sur la même période, la compagnie ferroviaire nationale Statens Järnvägar a enregistré +15% de passagers supplémentaires.
Pourquoi est-ce une bonne idée de préférer le train à l’avion pour des trajets intérieurs ?
Illustrons cela par un exemple de trajet : Paris – Toulouse. Voici quelles seraient vos dépenses en équivalent CO2 selon le moyen de transport choisi :
- En voiture : 134,6 Kg de CO2 si vous êtes seul
- En avion : 80,4 Kg de CO2
- En train : 2,6 Kg de CO2 seulement.
La mesure de votre dépense en équivalent CO2 n’est pas facile et vous ne tomberez jamais deux fois sur les mêmes chiffres. En effet pour que vos mesures collent à la réalité, il faut prendre en compte plusieurs données telles que le taux de remplissage, le type de véhicules considéré (modèle, véhicule neuf ou du parc existant), etc. En cliquant ce lien, ici, vous trouverez plus de détails sur les méthodes de calculs et les sites internet où trouver de l’information.
Cependant, concernant ce taux d’occupation, il y a néanmoins des points à préciser par rapport aux statistiques utilisées concernant la voiture et l’avion qui empêche vraiment de pouvoir des comparaisons réalistes (plus de détails dans cet article) :
- Pour la voiture. Les rapports de l’Agence Européenne de l’Environnement estiment, dans le cadre d’une voiture moyenne, des émissions de 55 g de CO2/passager/km et 4 passagers. La réalité est tout autre. Le taux d’occupation d’une voiture est de 1,1 pour les trajets courts et 2,2 pour les trajets long.
- Pour l’avion c’est l’inverse ! L’estimation moyenne d’émissions est de 285 g de CO2/passager/km et l’on considère 88 passagers. Sauf qu’en réalité, selon Air France, le taux moyen d’occupation d’un avion est de 85%. Le plus petit avion d ‘Air France pour les longs et moyens courriers à une capacité de 130 places soit 111 passagers en moyennes.
Quant à la durée de trajet, j’entends déjà certains de mes amis m’expliquer que le train, c’est trop long… Là encore, relativisons : le train vous mène d’un centre-ville à un autre. Vous n’avez pas de navette aéroport ou de trajet en taxi à ajouter à votre programme et vous n’êtes pas contraints de vous présenter 1h00 avant le départ. En bonus, vous aurez un peu plus de temps sur le trajet pour dormir, lire ou travailler. En plus de la bonne conscience écologique, je trouve que c’est un compromis sympathique.
Si vous êtes français et un peu râleur (est-ce que je viens de dire deux fois la même chose ?! ?), vous me direz que la SNCF ne tient pas ses engagements en matière d’horaires et de fréquence de passage. Ce n’est pas faux…mais c’est moins vrai sur les longs trajets et puis la concurrence arrive en force. Avec elle, les performances seront bientôt au rendez-vous sur les rails… Ne vous défilez donc pas si vite de vos intentions écologiques.
Pour aller plus loin, découvrez notre guide pour bien choisir son transport et réduire son empreinte carbone.
Les voyages d’affaires, tu optimiseras !
Avant la COVID, les voyages d’affaires représentaient à eux seuls environ 30 % des vols effectués.
La crise sanitaire a heureusement mis en relief le fait que beaucoup de rendez-vous et de réunions n’étaient finalement pas nécessaires en présentiel. La messagerie collaborative, le téléphone et les téléconférences font très bien le job !
Évidemment, rien ne vaut le contact humain et un vrai face à face. Notre gestuelle, notre communication corporelle, participent énormément à la qualité d’une interaction. Si vous avez fait un entretien d’embauche récemment, je pense que vous voyez tout à fait de quoi je parle. Notre capacité empathique n’est pas la même derrière un écran. Vous vous imaginez annoncer un licenciement sur Zoom par exemple ? Non, évidemment ; ce serait glacial et inhumain. Cependant, soyons assez raisonnables et organisés pour déterminer quelles actions professionnelles ne peuvent se passer du présentiel et quelles autres tâches peuvent être gérées par le virtuel.
Enfin, si le business vous y oblige, alors pour limiter l’impact écologique de l’avion dans votre déplacement : « Il faut penser à voler léger – aller aux toilettes avant le départ et éviter les bagages lourds-, favoriser les vols directs plutôt qu’avec escale car ils sont 50% plus polluants sur un même trajet »
Utilisons également des outils de gestion des voyages d’affaires qui permettent de limiter votre impact environnemental ; je pense à TravelPerk qui offre la possibilité de compenser 100% des émissions carbone liées à vos déplacements.
À qui tu donneras de l’argent, tu choisiras !
Là encore, ce sont des habitudes saines de consommation. Il faut se renseigner et choisir vos prestataires en fonction de vos priorités. L’index des compagnies aériennes les moins polluantes réalisées par l’ONG allemande Atmosfair vous y aidera certainement. Cliquez sur l’image pour le découvrir.
Cocorico ! Vous y verrez que la compagnie française Transavia.com fait partie des bons élèves.
Elle a en effet réussi à économiser jusqu’à 10% de carburant sur l’ensemble de sa flotte. Cette économie a été réalisée grâce à la start-up SAFETY LINE dont le travail consiste à optimiser la conduite des pilotes notamment sur la phase de décollage, très énergivore. Grâce à l’exploitation judicieuse des données collectées sur les appareils (Big Data), combinée aux conditions météorologiques locales, les prédictions de Safety Line améliorent sensiblement l’empreinte carbone de votre voyage.
Air France figure parmi les mauvais élèves dans l’index Atmosfair où il trône à la 73e place. Cependant depuis 2019, la compagnie offre à ses clients la possibilité de compenser les émissions de CO2 liées à leurs déplacements. Cette option est proposée lors de l’achat du billet sous l’intitulé « Planter un arbre ».
Pour en savoir plus sur la compensation carbone de ses vacances
En choisissant méticuleusement vos fournisseurs de transport, vous orientez le marché, vous lui donnez une tendance. Les compagnies qui perdureront seront celles qui intégreront ces nouvelles tendances à leur business model et permettront de limiter l’impact écologique de l’avion dans nos trajets. Nous pouvons profiter de cette situation de crise économique majeure, pour encourager le secteur lourdement frappé, à évoluer plus vite vers la transition écologique.
S’il y a bien un secteur qui peut se transformer, c’est l’aérien !
Industriels de l’aviation et compagnies aériennes sont un vivier remarquable d’ingénieurs, de chercheurs et de scientifiques de haut niveau et la plupart du temps passionnés ! S’il y a donc un secteur qui a les moyens de se transformer, c’est celui-ci. L’innovation elle-même est la raison d’exister de l’aviation. Quand on pense qu’en un siècle, nous sommes passés de l’avion des frères Wright en 1903 à l’A380 dans les années 2000 : c’est juste remarquable !
Pourquoi ne pas rester optimiste sur la capacité du secteur aérien à se renouveler et innover, encore et encore ?
D’autant que des progrès considérables ont déjà été effectués pour diminuer l’impact écologique de l’avion. Il est important de les apprécier : Au cours de 70 dernières années, les émissions de CO2 par passager ont diminué de 80%. On l’a vu plus haut, l’aérien ne représente finalement que 3,5% des émissions d’équivalents CO2 causés par les transports.
Les constructeurs ont lancé des programmes de recherches et développement importants pour atteindre un jour l’efficience énergétique (batteries, hydrogène, kérosène synthétique…).
- Airbus a annoncé un avion commercial à hydrogène pour 2035 ! Dans 14 ans à peine. Ce n’est pas une projection fantaisiste quand on sait qu’aux États-Unis, Zeroavia a déjà fait voler un avion 6 places à hydrogène !
- Boeing annonce des avions qui fonctionneraient à 100% avec du caburant « durable » pour 2030
- La compagnie aérienne KLM a annoncé avoir effectué en janvier 2021 le 1er vol commercial avec du kérosène synthétique durable. Cette solution permettrait de diminuer drastiquement les émissions de CO2, de l’ordre de 85% par rapport aux solutions actuelles.
- Airbus prévoit un vol sans kérosène pour fin 2021.
En attendant, la responsabilité des consommateurs et des compagnies aériennes serait d’inclure dans le prix des billets à la fois la compensation carbone et la taxation du Kérosène. Oublions donc les allers-retours à 60 € TTC proposés par les low cost. Ils sont à eux seuls un scandale en matière de moralité écologique et ne contribuent pas positivement aux besoins financiers de la R&D.
C’est à ce prix que nous pourrons maintenir l’activité aérienne dans nos habitudes de vie et accompagner sa transformation.
Je finirai cet article en expliquant pourquoi je m’attache tant à défendre la survie du secteur aérien.
Parce qu’à ne discuter que d’impact écologique de l’avion, on oublie qu’il est le résultat d’un des rêves les plus fous de l’humanité. Celui de voler !
Être critique sur le fonctionnement actuel de l’aviation commerciale ne doit pas nous empêcher de considérer la dimension émotionnelle, culturelle, historique et spirituelle du voyage.
Entre protectionnisme économique, Brexit et pandémie…nous semblons vivre une époque où le repli sur soi gagne du terrain.
Il ne faut plus voir dans le voyage un loisir comme un autre, mais plutôt un souffle nécessaire de liberté retrouvée et de rencontres.Mon prochain voyage sera un effort de déracinement, de distanciation active à mon milieu, à ma culture. Une façon momentanée, de m’éloigner de moi-même, de mes habitudes, de mes conditionnements, qui me fixent dans une étroite réalité (²).
En bref et en moins lyrique, avec la lecture, je vois dans le voyage un moyen de travailler à l’ouverture de mon esprit.
Je partage avec vous, mes résolutions pour l’année 2021 :
En tant que citoyen du monde je vais être attentif à l’impact de l’ensemble de mes activités sur l’environnement :
- Je ne consommerai plus de Fast Fashion
- Je ne changerai mon smart phone qu’en cas de casse
- Je vais installer un poêle à bois à la maison
- Je vais limiter le streaming au profit de la lecture
- Je vais prendre mon vélo le plus souvent possible.
- Je prendrai l’avion si d’autres moyens de transport ne peuvent le remplacer efficacement et en acceptant de payer le juste prix.
Je ne renoncerai pas à l’envie de voyager ! Il en va de la maturité de mon âme, car comme le disait Henri Miller, un écrivain voyageur que j’aime particulièrement :
« Une destination n’est jamais un lieu, mais une nouvelle façon de voir les choses » ….
Henri Miller
Pour aller plus loin dans la limitation de l’impact de vos vacances, consultez notre article sur les vacances zéro déchets.
Merci Coletta Trivero pour cet article qui nous fait prendre conscience de l’impact écologique réel de l’avion dans notre vie.
Sources :
Youmatter : "Contrairement aux idées reçues, l’avion ne pollue pas vraiment plus que la voiture"
Atmosfair : Airline index 2018
Actu evironnement : "Confinement et impacts environnementaux : le bilan en chiffres"
Le Figaro : "COP23 : Quels secteurs économiques émettent le plus de CO2 en France ?"
Wikipedia : "Histoire de l'aviation"
La Bnf : "Les femmes pionnières de la conquete de l'air"
Challenges : "Que valent les futurs avions à hydrigène d'Aribus ?"
Terra Eco : "Train ou avion qui pollue le moins ?"
(1) Franck Herbert, la Mort Blanche, 1982 (pour les amateurs d’autres formes de voyages ?)(²) Paragraphe directement inspiré d’un extrait de « Petit éloge de l’errance » de Akira MIZUBAYASHI.Voici un comparateur des moyens de transport clair et simple de compréhension, vous pouvez consulter le site de l’Ademe ici.